La formation aux réseaux
de télécommunication dans une école de
bibliothécaires
Richard Bouché Professeur à
l'ENSSIB
ENSSIB - Villeurbanne
L'Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l'Information et des
Bibliothèques (ENSSIB) a été créée en 1963
à Paris sous le nom d'Ecole Nationale Supérieure des
Bibliothécaires (ENSB). Décentralisée à
Villeurbanne en 1974, elle est profondément rénovée en
1991 et prend le nom d'ENSSIB.
La mission première de l'Ecole est de former les conservateurs
français des bibliothèques publiques et universitaires
françaises. C'est une école de fonctionnaires mais son nouveau
statut d'EPCSCP (statut d'une université) lui permet d'accueillir des
formations universitaires comme les DEA et les DESS.
Les élèves fonctionnaires sont recrutés sur concours.
Après l'acquisition de leur diplôme, le DCB (Diplôme de
Conservateur de Bibliothèque), ils ont à diriger des
bibliothèques ou des services importants dans les gros
établissements.
Ce diplôme ne peut être attribué par le Ministre de
l'Education Nationale qu'aux élèves fonctionnaires, c'est
à dire à ceux qui ont réussi un concours d'entrée
strictement réservé aux ressortissants de l'Union
Européenne.
L'existence d'une forte demande de pays n'appartenant pas à l'Union
Européenne a nécessité la mise en place d'un autre
diplôme : le DPSSIB (Diplôme Professionnel Supérieur
des Sciences de l'Information et des Bibliothèques).
En association avec l'Université Claude Bernard -
Lyon 1,
l'Ecole dispense le DESSID, DESS en Informatique Documentaire, qui forme des
cadres de la documentation principalement pour les entreprises.
En partenariat avec les universités Lumière -
Lyon 2
et Jean Moulin -
Lyon 3,
l'ENSSIB reçoit des étudiants dans le DEA des Sciences de
l'Information et de la Communication de Lyon. Deux laboratoires de recherche
(CERSI-
ENSSIB
et RECODOC-
Lyon 1)
se sont associés dans le cadre d'une structure nommée CERSIDOC
pour accueillir des chercheurs en thèse.
L'Ecole offre un catalogue important de modules en formation continue.
Quels sont les besoins des cadres des bibliothèques et de l'information
documentaire dans le domaine des réseaux et des
télécommunications ? Quelle pratique doivent-
ils
avoir ? Quelles bases théoriques doit-
on
leur enseigner ?
Nous distinguerons les axes de discussion suivants :
Communiquer Nous aborderons ici l'usage d'une messagerie.
Gérer Dans l'exercice de ses fonctions de gestion le cadre
formé devra analyser des besoins et un existant pour mettre en place des
applications plus ou moins complexes et offrir un service meilleur et plus
performant à ses usagers. Il devra donc concevoir des solutions qui
impliqueront un réseau local, et/ou une coopération à
distance avec d'autres sites locaux, nationaux ou internationaux.
Chercher ou offrir de l'information Les usagers viennent à la
bibliothèque ou au centre de documentation pour obtenir de l'information
qu'on peut leur offrir à travers des accès à des bases de
données locales ou distantes, à des CD-ROM ou à Internet.
Le centre ou la bibliothèque peut vouloir offrir des services
d'information à distance grâce à des serveurs accessibles
par Internet ou par Minitel.
Dans tous ces cas de figure, le responsable doit pouvoir être en
situation d'acteur principal pour définir le projet nécessaire,
le proposer et le défendre auprès de sa hiérarchie ou des
élus qui financeront et en contrôler la mise en uvre et le
fonctionnement.
Les messageries sont un moyen de communication de plus en plus répandu
et le domaine des bibliothèques ou de la documentation doit y participer
pour dialoguer avec des partenaires de l'établissement ou à
l'extérieur de celui-
ci.
Il est donc important, si cette compétence n'est pas déjà
acquise avant d'entrer à l'école, d'offrir aux
élèves les moyens de pratiquer cet outil de communication.
Cette gestion va concerner les ressources informatiques locales principales
mais aussi les relations avec d'autres établissements (Annexes,
bibliothèques ou centre de documentation partenaires dans un
réseau de coopération).
Si le catalogue reste la ressource la plus importante à gérer
surtout dans une bibliothèque, il existe d'autres ressources importantes
qui nécessitent souvent des serveurs différents de celui qui
supporte le catalogue : serveur de CD-ROM, bases de données locales
souvent multimédia, etc.
L'usage d'un réseau local permet une plus grande accessibilité de
tous à ces ressources et les établissements d'une certaine
importance ne conçoivent plus leur informatisation sans ce type de
connexion entre ses équipements informatiques. Bien que le principe de
l'utilisation d'un réseau local repose sur la transparence pour
l'usager, un minimum de connaissance de ce qu'implique sa mise en uvre
(organisation, câblage, administration, évolution,
sécurité, etc.) doit être acquis par le responsable.
Au delà d'une certaine importance de la ville où elle se trouve,
la bibliothèque est rarement un bâtiment unique mais se trouve
constituée d'annexes plus où moins distantes. Le réseau de
communication de l'établissement doit alors utiliser les liaisons
gérées par un opérateur agréé (France
Télécommunication pour la France).
Deux solutions peuvent être envisagées :
· La bibliothèque établit son propre système de
liaison, c'est le cas où le nombre d'établissements
concernés est faible (par exemple deux, à la limite).
· Il existe déjà un réseau (municipal, universitaire,
etc.) et les établissements s'y raccordent.
Dans tous les cas, une connaissance des caractéristiques des liaisons,
des réseaux et des interconnexions possibles est nécessaire. Le
responsable aura, en effet, à évaluer la pertinence des solutions
qui lui seront proposées par des consultants ou par les services
informatiques de l'entreprise, de la municipalité ou de
l'université et à contrôler les coûts des services
offerts par les opérateurs de télécommunication.
Pour ce qui concerne les centres de documentation d'entreprise, une situation
semblable se retrouve. C'est vrai surtout dans les grandes entreprises dans
lesquelles plusieurs centre de documentation sont amenés à
coopérer. Dans le cas d'une multinationale, la communication se fait
à l'échelon mondial.
La coopération entre bibliothèques est une activité
également très importante à des échelons
très divers dans toute la gamme qui va du municipal à
l'international.
Les bibliothèques d'une même ville peuvent décider de
mettre leurs ressources en commun pour offrir un service plus large et plus
efficace à leurs usagers. C'est par exemple le cas de Saint Etienne avec
le réseau BRISE.
Cette mise en commun des ressources peut aussi passer par un service de
prêt entre bibliothèques comme ce qui est mis en place dans les
bibliothèques universitaires sur la base d'une messagerie
gérée à Montpellier par le SUNIST.
Enfin les bibliothèques sont amenées à se procurer des
ressources bibliographiques auprès de grands réservoirs de
notices comme la Bibliothèque Nationale de France (BNF) ou l'OCLC aux
Etats Unis.
Le centre de documentation et la bibliothèque sont des lieux
d'échange. Des usagers viennent chercher de l'information, et pour les
satisfaire au mieux, ces organismes doivent à la fois de puiser dans
leurs propres fonds et consulter les ressources situées ailleurs
d'autres sites dont l'accès est autorisé. Si l'accès
à ces ressources via Transpac, à l'aide de terminaux de type
VT100 ou Minitel (ou de leur émulation) font partie des
compétences évidemment acquises par les élèves de
l'Ecole, il est indispensable de la compléter par une connaissance de
tous les accès à l'information offerts par Internet.
Mais la bibliothèque et le centre de documentation se trouvent aussi en
situation d'offrir des services distants d'accès à l'information.
Cette offre peut se présenter sous deux aspects qui ne sont pas du tout
incompatibles :
· soit elle est très orientée usager individuel
(Accès public au catalogue (OPAC), projet de poste de lecture
assistée par ordinateur de la BNF)
· soit elle se pose comme source d'information accessible à
distance par l'usager autorisé qu'il soit individuel ou un autre centre.
Cette offre peut revêtir différents aspects en fonction des
standards utilisés (Minitel, WAIS, Gopher, WWW, etc.).
Les contraintes imposées par ces moyens d'échange d'informations
doivent donc être connues par le responsable de façon à ce
qu'il puisse en évaluer le rapport coût/intérêt dans
le cadre d'un projet de mise en uvre.
Le rseau local de l'ENSSIB met en communication :
Un rseau de CD-ROM est en cours de ralisation.
Le logiciel de messagerie qui a t choisi pour la pdagogie est
QVTNET. Bien, que les enseignants et le personnel de l'ENSSIB utilisent
EUDORA PC ou MAC, c'est QVT (qui intgre la fois Telnet,
Ftp, les News et la messagerie), qui est mis la disposition des
élèves parce qu'il ne personnalise pas le poste sur lequel il est
install et ne demande donc pas d'tre chaque fois
configur.
La pratique de la messagerie est mise en uvre très rapidement. Une
initiation est faite aux élèves la première semaine de
rentrée et un certain nombre d'informations utiles (changements
imprévus d'emploi du temps par exemple) leur sont diffusées de
cette façon.
3.2.2.
Les outils de recherche d'information
Les principaux logiciels utilisés dans le cadre de la formation
(Traitement de textes, tableurs, logiciels documentaires, etc.) sont
installés sur le serveur Netware ; les élèves
utilisent donc en permanence un réseau local. Cet usage se
présente donc d'emblée comme transparent. Toutefois, à
l'occasion d'une présentation générale de la structure du
réseau de l'Ecole, l'accent est mis sur justification des choix
effectués au moment de son implémentation. Le rôle
important de l'administrateur du réseau est également mis en
évidence.
Cette partie du programme permet d'acquérir une petite pratique de la
conception d'un petit serveur Web. Elle consiste essentiellement à
expliquer le format HTML et à concevoir quelques pages HTML à
partir de documents écrits en Word6 en vue de réaliser une petite
base.
Il s'agit, ici de fournir des éléments permettant à un
responsable de savoir déterminer le (ou les) type(s) de liaison
nécessaire au projet de connexion à des sites distants qu'il
envisage dans le cadre d'une application de coopération.
Cet enseignement est fondé sur des études de cas qui s'inspirent
de cas concrets. Un cas typique est celui de la participation d'une annexe au
catalogage de la bibliothèque principale. Il faut donc déterminer
les caractéristiques de la liaison à mettre en place. Pour cela,
il faut assimiler les concepts de débit, de rendement de protocole, de
temps de réponse, de taux de connexion qui sont définis au
préalable. Les différents services offerts (RTC, Numéris,
liaison spécialisée, circuit Transpac, etc.)actuellement par
France-
Télécom
sont présentés en relation avec les concepts définis
précédemment et sous la forme de tarifs commentés. Tous
ces éléments permettent d'analyser le cas traité, de
calculer les paramètres importants de la liaison et d'étudier une
ou plusieurs solution en termes de coût.
Des problèmes un peu plus complexes comme la connexion à un
réseau déjà existant, le calcul du nombre de terminaux
nécessaires à une application gérant un gros volume de
données, le multiplexage etc., font l'objet d'autres études et
permettent la mise en uvre d'éléments d'adaptation d'une
technologie de liaison à une aure (pont, routeur, multiplexeur, etc.)
Tout ce qui précède nécessite la connaissance d'un minimum
d'aspects théoriques des télécommunications. A travers une
typologie simplifiée des liaisons possibles reposant sur deux
ensembles : la commutation de lignes (RTC, Numéris) et la
commutation de messages (réseau longue distance de type X25 et
réseau local), on s'efforce de montrer les caractéristiques
principales de ces liaisons. Le modèle OSI est surtout là pour
dresser une typologie des différents problèmes rencontrés
dans la mise en uvre des réseaux numériques et à
quels niveaux ils se situent. L'objectif étant de bien faire comprendre
la nature des différents moyens d'interconnexion entre liaisons de type
différent et de présenter l'évolution des technologies
(ATM, commutateurs hauts débits, etc.).
Cet enseignement, qui correspond à une quarantaine d'heures, n'est pas
destiné à faire des élèves des ingénieurs
capables de calculer toutes les liaisons télématiques de leur
établissement. Les notions théoriques et la pratique acquises
sont juste là pour permettre au responsable de dialoguer avec
efficacité avec les informaticiens, les consultants, les
ingénieurs des télécommunications et de maîtriser la
définition d'un projet télématique, sa mise uvre et
ses coûts.
Le succès rencontré par le module de formation continue
" Réseaux télématiques et Internet " montre bien
qu'il correspond bien, en ce moment, à un besoin des
bibliothécaires et des documentalistes.